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OLYMPE DE GOUGES.

liste, tu places ce public dans un ramas confus de douze galopins qui m’ont injuriée ! Va, il ne t’appartient pas, ni à tes pareils, d’apprécier un être tel que moi !

« Sans doute le public ne prendra pas pour orgueil ce qui n’est de ma part qu’une juste indignation. Jamais auteur n’éprouva un si dur traitement, jamais pièce républicaine ne reçut plus d’outrages et ne fut payée d’une plus noire ingratitude… »

M. Lairtulier a aussi parlé d’une comédie-vaudeville que nous ne connaissons pas, les Aristocrates et les Démocrates, la plus gaie de toutes, selon lui. Une foule d’originaux y sont passés en revue. C’est une vieille comtesse qui, à chaque doléance sur la perte de ses titres et de ses privilèges, ne reçoit pour toute réponse du chevalier du Rocher, nouvellement mis au pas, que ces mots : « Antique, bouquin, n’en parlons plus. — Quoi ! il faudra que je renonce à l’illustration de mes ancêtres ! — Vos ancêtres, ils sont morts, n’en parlons plus. — La noblesse se réveillera : moi-même je parcourrai tout le royaume pour la soulever contre les patriotes. — Restez chez vous, vous ne feriez que de l’eau claire ; n’en parlons plus. — Insolent ! si je faisais venir mes gens, je vous apprendrais à insulter une femme de ma qualité ! — Vos gens, votre qualité, tout cela est bien loin ; n’en parlons plus ». Vient M. l’Écusson, qui a consumé dix ans de sa vie à dresser un arbre généalogique, et qui se désespère de ce qu’on ne dresse plus que des arbres de liberté. Un aveugle trouve le symbole de la première constitution dans le signe de la croix :