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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

tra rien, et, comme tout Paris connaissait l’anecdote, il la raconta lui-même d’assez bonne grâce dans un de ses numéros.

Bien avant les Guêpes et les autres petits journaux à la suite, le Cousin Jacques avait donné l’échantillon de ces sortes de plaisanteries intimes où l’auteur se met en jeu, lui et son entourage. Il ne manque presque rien aux lignes suivantes pour qu’elles puissent être confondues avec les lazzi habituels des feuilles comiques d’à présent : « Notre libraire Lesclapart, ci-devant pont Notre-Dame, va quitter son ancienne maison pour trente-trois raisons très-valables : la première, c’est qu’on va l’abattre, ainsi que toutes les maisons des ponts. Cette raison-là nous dispense de détailler les trente-deux autres. Il va demeurer rue du Roule, vis-à-vis du parfumeur du roi et de la cour. La translation du bureau Lunatique se fera en grande cérémonie, au clair de la lune, vers les sept heures du soir. Ordre de la marche : d’abord un portefaix, ensuite une petite charrette, enfin un autre portefaix poussant la petite charrette. Les Lunes passeront par la rue de Gèvres, le quai de la Mégisserie, près de la Samaritaine, où l’heure carillonnera, la rue de la Monnaie et enfin la rue du Roule. Il n’est pas nécessaire d’illuminer. »

Des circonstances assez singulières amenèrent, vers ce temps-là, le Cousin Jacques à renouer connaissance avec un de ses anciens camarades de collège, personnage qui devait acquérir sous la Révolution une importance et une célébrité. Un jour, le Cousin Jacques trouva chez son libraire une chanson qui le houspillait et qui, à quelques chevilles