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LE COUSIN JACQUES.

près, n’était pas du tout mauvaise ; en voici les deux derniers couplets, sur l’air : Pour la baronne.

Le Cousin Jacques
Était l’an passé bien petit,
Mais il sera grand avant Pâques ;
C’est du moins ce que l’on prédit
Au Cousin Jacques.

Quand Cousin Jacques
Au Parnasse (le croirait-on ?)
Fit pour les fous quelques baraques,
Chacun n’y vit que la maison
Du Cousin Jacques.

Celui-ci, dont l’armure était à l’épreuve de bien d’autres traits, s’inquiéta peu d’une pauvre petite flèche décochée par une main anonyme. Neuf mois se passèrent ; il avait tout à fait oublié cet incident, lorsque la lettre suivante vint le lui remettre en mémoire : « Cher Cousin Jacques, on remarquait dernièrement, comme un malheur attaché au collège où nous avons été élevés ensemble, qu’aucun de ceux qui s’y étaient distingués n’a rempli dans le monde les espérances qu’il avait d’abord données[1] ;

  1. Depuis lors, certains de ces élèves ont réalisé, et même au delà, les espérances qu’ils donnaient dans leur jeunesse. Après la Révolution, il leur vint l’idée de se compter et de se réunir dans un banquet, chez le restaurateur Vénua, aux Champs-Élysées. En conséquence, tous les anciens élèves du collège Louis-le-Grand furent convoqués, soit par des invitations particulières, soit par la voie des journaux. Il s’en trouva cent vingt, sous la présidence du ci-devant chevalier de Boufflers, ce doux et spirituel anacréon en perruque à frimas. C’était un spectacle bizarre, touchant et