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LE COUSIN JACQUES.

dont la bouche souffle le froid et le chaud ! » Le fait est qu’il n’a jamais pardonné à Camille Desmoulins ses palinodies, ou publiques ou privées. Voici la note un peu plus que sévère qu’il lui consacre dans son Testament, dont nous aurons à parler : « Il venait me voir avant la Révolution : c’était alors un petit avocat traînant sa nullité dans les ruisseaux de Paris. Il m’empruntait de l’argent qu’il ne me rendait jamais, et me déchirait à belles dents si je ne pouvais pas lui en prêter. J’ai plusieurs lettres de Camille, elles sont en prose et en vers ; il avait du talent, beaucoup d’esprit, peut-être un bon cœur, mais une très-mauvaise tête. En calomniant, il ne croyait que médire. Je ne pus retenir mes larmes en le voyant passer pour aller au supplice. »

II

Ai-je dit que le Cousin Jacques était un charmant musicien, et qu’à son talent de poëte il joignait un talent réel de compositeur ? Les airs de ses chansons sont presque tous de lui et il y en a de très-agréables, de l’avis de Grétry d’abord, et ensuite de l’avis de tout le monde, car quelques-uns ont été populaires. Avec ces deux cordes à son arc, le Cousin Jacques ne pouvait manquer d’arriver au théâtre et de s’y faire remarquer par ses qualités originales. Sa position de journaliste lui ouvrit aisément les portes des directeurs.

Les Ailes de l’Amour, tel est le titre de sa première