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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

pièce, chantée et dansée, un soir du mois de mai, par les comédiens Italiens, avec le succès le plus flatteur. Les Ailes de l’Amour ! Combien ce titre est adroit, séduisant et voluptueux ! Comme il peint la jeunesse du Cousin Jacques ! À l’Amour il n’a demandé rien que ses ailes ; à la Muse, il demande moins encore, ce qu’elle voudra, la rose qui pare ses cheveux. Tant d’humilité méritait une récompense : les Ailes de l’Amour la lui donnèrent. Ce petit opéra, où les madrigaux sont semés sur un fond rustique, fut interprété très-agréablement par Carline, Trial et mademoiselle Desbrosses ; on y remarqua plusieurs airs de la composition du Cousin Jacques pleins de gaieté et de fraîcheur. Cinq morceaux furent bissés et applaudis à outrance. Le Cousin Jacques était dans l’enchantement ; placé au balcon, il se surprit à applaudir lui-même de toutes ses forces et à crier bravo comme les autres.

La pièce finie, on fit un charmant tapage pour demander l’auteur. Après avoir laissé crier pendant quelques minutes, Trial s’avança sur la scène, regarda en l’air comme s’il cherchait dans les nuages, et s’avisa de chanter un couplet de sa façon, où il était dit que l’auteur s’était allé cacher de frayeur dans son royaume de la Lune. Cette saillie augmenta à un tel point l’enthousiasme du parterre, qu’il fallut absolument que le Cousin Jacques parût sur le théâtre, ce qui fit dire de lui « qu’il faisait mieux les vers que les révérences. »

À la deuxième représentation, les choses se passèrent encore de la même manière, et le Cousin Jacques finit par s’habituer à venir saluer le public. Les Ailes