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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

comme il l’annonce hautement, des Mémoires, Réclamations, Plaintes, etc., le tout moyennant des conventions particulières.

Il y a même plus : lui qui, jadis, se montrait d’une absolue sévérité au sujet des morceaux de poésie qu’on lui envoyait, il les accueille maintenant sans distinction, et les insère dans les Lunes, sur le pied de quatre livres la page. On voit même s’y glisser quelquefois jusqu’à de la vile prose de marchand ; c’est à se croire égaré dans les colonnes des Petites Affiches. Quelle déchéance ! surtout lorsqu’on se reporte par le souvenir aux annonces métaphoriques que, seules, se permettait jadis le Cousin Jacques : « On a perdu dimanche, sur le boulevard, entre chien et loup, un cœur fond rose, marqué de taches de feu, piqué légèrement en mille endroits par des pointes de flèches emplumées. Le rapporter à madame de *** qui donnera une récompense. »

Lunes décroissantes et bien décroissantes, hélas ! gaieté qui s’éteint, chansons qui s’effarouchent et s’envolent ! Toute l’agonie dolente du dix-huitième siècle littéraire se retrouve, battements pour battements, rimes pour rimes, dans ce petit cahier plein de choses frivoles. Là, dans le coin chaque jour plus étroit que leur laissent à grand’peine les nouvelles de l’Assemblée nationale et les rumeurs des clubs, on assiste aux luttes désespérées du couplet, de l’épigramme et de l’acrostiche contre l’indifférence publique. Plus qu’en aucun temps, le Cousin Jacques se voit accablé de vers fugitifs, accourus de tous les bouts de la province, vers à Églé, à Iris, à Chloé, à Zulmé, à Aglaé, et généralement à toutes les nymphes consacrées du poétique vallon. Aujourd’hui c’est une Boutade sur une