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LE COUSIN JACQUES.

Marat lui écrivit pour l’engager à faire usage de sa gaieté, comme d’une arme contre les aristocrates. Marat et le Cousin Jacques ! quel rapprochement ! Il ne lui répondit pas. Chaumette rechercha également son amitié. Il reçut des marques d’estime indistinctement de Pétion, de Grégoire, d’Anacharsis Clootz et du ministre Roland.

Vint cependant un moment où, à bout de plaisanteries et de quolibets, indigné des scènes par lesquelles une partie de la Fiance se déshonorait, le Cousin Jacques, quittant le ton de la frivolité, s’éleva jusqu’aux hauteurs de l’ode dans des stances vraiment remarquables, exprimant des idées justes, énergiques. Ces stances furent publiées à la date du 24 avril 1792 ; voici comment elles se terminaient :

Français ! si des brigands despotes,
Masqués du nom de patriotes,
Font triompher leur faction ;
Eh bien, que notre affront s’efface,
Et de Brutus ayons l’audace,
Ou le désespoir de Caton !

La journée du 20 juin le trouva sur la brèche, mais quelques jours après il dut aller rejoindre sa femme, tombée malade aux environs d’Auxerre. Le Consolateur n’en continua pas moins de paraître ; le Cousin Jacques le rédigeait de loin : il attaquait les jacobins et défendait la cause de Louis XVI avec un courage poussé à l’excès. Il avait composé une parodie de l’Hymne des Marseillais :

Allons, enfants de la patrie,
Voici la fin de nos malheurs !