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LE COUSIN JACQUES.

ramassés dans toutes ses armoires au moment de l’apposition des scellés et jetés sans ordre dans des tiroirs.

« Cet examen, citoyens collègues, me donne le droit de vous demander la levée du mandat d’arrêt. Il y a un mois et deux jours que le Cousin Jacques est sans ses livres et qu’il ne peut travailler pour la subsistance de sa famille. Je vous répète qu’il n’a que son talent pour élever ses enfants. Il y a plusieurs pièces très-républicaines, de lui, qui restent en souffrance parce qu’il n’est pas là pour les faire répéter. Vous voulez être sévères et vous avez raison, vous le devez ; mais vous voulez être justes. Tout prouve que les principes du Cousin Jacques et sa conduite sont ceux d’un véritable ami de la liberté et de l’égalité ; il s’est montré au grand jour dans toutes les notes, lettres et manuscrits trouvés chez lui ; on y a reconnu un vrai républicain. On y a trouvé une pièce en trois actes, dont la musique des deux premiers est faite et dont le commencement remonte en 1792, intitulée : Les Prêtres de Dodone, qui a prouvé que son amour pour la religion ne lui donne pas de confiance aux prêtres, et que, s’il croit en Dieu, il ne croit pas et ne veut pas qu’on croie en ceux qui se disent ses anges et ses ministres. Enfin, on s’est convaincu que, s’il a pu errer sur la politique, il l’a fait avec toute la droiture d’un républicain loyal et probe ; il a renoncé à politiquer pour éviter l’erreur, et il s’est voué à travailler pour les théâtres, de manière à soutenir l’énergie et à fortifier les âmes républicaines. J’espère que ces considérations vous détermineront à m’accorder la levée du mandat d’arrêt lancé contre lui il y a plus d’un mois.

« Salut et fraternité,
« L. E. Beffroy[1]. »

  1. Cette lettre a figuré tour à tour dans la collection Charavay (no 2150), et dans la collection Fossé d’Arcosse (no 124). Elle est aujourd’hui entre les mains des descendants de M. L. E. Beffroy, auxquels j’en dois l’obligeante communication.

    Quant aux Prêtres de Dodone, ils sont restés en portefeuille.