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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

suites. On me permettra, à ce sujet, de citer en entier la lettre suivante, si honorable pour les deux frères :

« Paris, le 17 frimaire, l’an ii de la République française indivisible.

« L. E. Beffroy, représentant du peuple,

« À ses collègues composant le Comité de sûreté générale.

« Porteur, citoyens collègues, de votre arrêté pour la levée des scellés chez le Cousin Jacques, je me suis rendu au Comité révolutionnaire de la section de Guillaume Tell, auquel je l’ai présenté. Après l’avoir lu, il m’a demandé si c’était comme représentant du peuple que je me présentais, et si j’assisterais à la levée des scellés ; j’ai répondu que je ne me présentais que comme simple citoyen ; mais qu’étant frère du Cousin Jacques, je devais prendre à lui un intérêt légitime jusqu’à ce que la visite de ses papiers m’eût ôté l’opinion que j’avais de lui ; qu’il m’importait d’en connaître bientôt le résultat, parce que mes principes, d’accord avec mon devoir, m’interdisaient de solliciter la levée du mandat d’arrêt s’il était coupable ; mais que, si le contraire arrivait, je ferais tous mes efforts pour obtenir sa liberté ; que si le Comité n’y voyait aucun inconvénient, je serais volontiers présent à l’opération. L’opinion du Comité a été que je pouvais remplacer mon frère à cet égard, attendu que ma présence ne tirait à aucune conséquence, puisqu’il ne s’agissait que de les voir opérer. Il me donna rendez-vous pour hier, sextidi, à dix heures du matin, au Comité ; je m’y rendis et j’y trouvai des commissaires qui me conduisirent chez le Cousin Jacques, dont je n’avais pas encore vu le logement. Le Comité me parut estimer le Cousin Jacques et désirer qu’il ne fût point coupable. Il m’a paru lui croire simplement trop de sensibilité.

« Le procès-verbal vous donnera le résultat de cette opération, qui a duré trois heures, à trois personnes, dont chacune lisait de son côté des papiers en grand nombre,