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LE COUSIN JACQUES.

entendant une clef s’agiter dans sa serrure, sort brusquement de chez lui en criant : « Qui va là ? » Et l’ami de s’esquiver dans les commodités avec toute la provision qu’il m’apportait. Le voisin descend avenir les locataires qu’il y a des voleurs dans la maison ; voilà tout le monde en alerte. De cette manière, je passai quarante-huit heures sans eau et sans lumière ; à la fin, cependant, je fus arraché de ce réduit incommode, et j’eus la douce satisfaction d’apprendre, en rentrant chez moi, qu’une trentaine d’amis, parmi lesquels étaient quelques députés montagnards, étaient venus m’offrir leur bourse et leur maison. »

V

En l’an iv, le Cousin Jacques, dont l’ardeur de protestation n’était pas encore calmée, fit paraître le Testament d’un Électeur de Paris, un volume in-8o, avec une tête de mort pour fleuron.

« Pourquoi appelai-je cet ouvrage mon Testament ? dit-il. Eh ! qui vous répond que je ne serai pas la victime de mon zèle ? Qui vous assure que cet ouvrage même, quelque pur que soit le motif qui l’a dicté, ne me coûtera pas la vie ? » Un peu plus loin il ajoute : « Ce livre est l’enfant du chaos. Depuis près d’un mois que j’y travaille, si l’on peut appeler travail la simple action d’écrire au hasard tout ce qui m’a passé par la tête, j’erre d’asile en asile ; j’ai le cœur navré, la tête perdue ; je ne vois plus que