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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

des batailles et du sang… C’est une fièvre chaude qui me consume, je ne sais trop pourquoi, ni comment… »

Viennent ensuite des legs divers, les uns sérieux et les autres plaisants, — legs de reconnaissance, legs d’amitié, legs d’amourette même :

« Je lègue à la famille Lesage, du théâtre de la rue Feydeau, un petit miroir de dix pouces de hauteur sur huit de largeur, pour qu’en s’y regardant ils aient toujours devant les yeux le plus parfait modèle de toutes les vertus sociales.

« Je lègue à plusieurs auteurs de ma connaissance une girouette qui était autrefois sur la maison de mon père et qui tournait à tout vent, — emblème fidèle de beaucoup d’hommes de lettres depuis la Révolution.

« Je lègue à mademoiselle Louise-Sophie d’A… toutes les lettres d’un certain genre qui ont animé mon cœur et fécondé mon imagination dans le temps heureux des péchés de ma jeunesse, à l’exception de celles qui sont signées. Je lui lègue aussi mon portrait en miniature et une lorgnette de nacre de perle garnie en argent.

« Je lègue à la ci-devant comtesse d’H… le petit portrait de moi que je lui envoyai en 1786, et qu’elle avait promis de me rendre.

« Je lègue à Joséphine de B… des larmes inutiles et un souvenir plus inutile encore ; c’est un cadeau qu’on m’a fait.

« Je lègue à mademoiselle de P… l’abandon de la rente viagère qu’elle m’a faite lorsqu’elle était abonnée à mes Lunes, sans que j’aie jamais eu le