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LE CHEVALIER DE LA MORLIÈRE.

« — Quelle idée ! reprit le marquis ; en vérité vous êtes au mieux, et vous m’inspirez une tendresse…

« — Ce que vous dites là, interrompit la comtesse, est d’une noirceur abominable. Je sais que la petite présidente de *** vous a subjugué : vous êtes partout avec elle, et vous l’avez menée au ballet de Versailles. Rien n’est plus affiché que ces sortes de choses, et je suis désespérée que vous me croyiez faite pour vous servir de prétexte.

« — Pour cela, voilà des griefs si étranges que j’en suis anéanti. Se peut-il que vous donniez dans des pièges aussi grossiers ! Il est vrai que j’ai paru avoir pris la petite présidente, mais c’était pour faire ma cour à son mari, qui est un de mes juges, et à qui on ne peut rendre un service plus essentiel que de le débarrasser de sa femme.

« — Oh ! vous parlez un langage si entortillé, que je ne vous crois point du tout.

« — Parbleu ! dit le marquis, vous avez là une garniture de cheminée superbe : ces cabinets de la Chine sont charmants ; est-ce de la rue du Roule ? Pour moi, je suis fou de cet homme-là ; tout ce qu’il vend est d’une cherté et d’un rare…

« — Mais, oui, cela est assez bien choisi.

« — Comment ! il y a un goût miraculeux dans tout cela ; voilà des magots de la tournure la plus frappante, entre autres celui-ci : il ressemble comme deux gouttes d’eau à votre benêt de mari.

« — Ah ! paix, dit la comtesse ; j’ai une affaire entamée avec lui, qui fait que je le vois depuis quelques jours. J’ai boudé, j’ai eu des vapeurs ; enfin, je crois que tout cela me vaudra un attelage de six che-