Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
LE CHEVALIER DE LA MORLIÈRE.

cevable combien ce que vous venez de dire est admirablement défini ; j’en suis si pénétrée, que je vais jeter la brochure au feu.

« — Non pas cela ; en convenant avec vous du frivole de ces sortes d’ouvrages, je vous avouerai que je les lis avec plaisir. Je m’attache à la façon de conter, et je trouve ces bagatelles moins funestes que les redoutables in-folio.

« — Eh bien, dit la comtesse, voyons si nous soutiendrons la lecture de celle-ci jusqu’à la fin.

« — Ma foi, madame, je n’ai point une poitrine à l’abri de cela, et à moins que vous n’ayez toute la guimauve de l’univers à mon service, je ne crois pas franchement…

« — Ah ! marquis, vous vous êtes engagé, et je vous avoue que vous m’indisposeriez cruellement si vous ne lisiez pas.

« — Allons, madame, dussé-je être réduit à l’état le plus déplorable, je vais remplir ma destinée ; mais faites défendre votre porte, je vous prie, je ne suis point accoutumé à parler en public ; et, d’ailleurs, vous concevez bien que, s’il y a des choses dans ce livre sur lesquelles il soit nécessaire que nous dissertions, il n’est point à propos que ceci soit ouvert comme une conférence.

« — Effectivement, répondit la comtesse. Qu’on dise que je n’y suis pas ; et si mon mari se présente, qu’on l’assure très-positivement que je suis malade à périr, que je n’ai pas fermé l’œil. Allons, marquis, vous pouvez commencer. »

Et le marquis commença.

Vous aurez sans doute compris, monsieur, que ce dialogue surpris par moi derrière un paravent, et