exempt, qui me parut être moins facile à l’enthousiasme.
— Ainsi, lui dis-je, c’est désormais entre vous et votre camarade qu’il me faudra assister à la comédie ?
— Oui, monsieur le chevalier, et croyez que nous en sommes bien contents ; moi, surtout, qui aime tant les pièces de M. de Voltaire.
— Pardieu ! m’écriai-je en grinçant des dents, je suis enchanté que ce soit ma compagnie qui vous procure ce plaisir.
— Il ne tiendra qu’à monsieur le chevalier de n’avoir pas à se plaindre de la nôtre.
— Et comment cela ?
— En s’abstenant scrupuleusement de toute manifestation désapprobatrice, ce qui doit être bien facile à monsieur le chevalier, lorsqu’on joue des pièces comme celle-ci, par exemple. Tenez, écoutez : quelle grâce dans la période ! quelle majesté dans la rime ! Ah ! les beaux vers ! les beaux vers !
Les deux exempts se mirent à l’unisson et applaudirent à tout rompre.
— Bravo ! Clairon ! bravo ! criait le premier.
— Bravo ! Voltaire ! bravo ! criait le second.
On se représente ma situation ; elle n’était pas tenable. Je quittai la place au troisième acte pour aller exhaler ma rage dans la rue.
Le lendemain, je ne parus pas à la Comédie française ; le surlendemain non plus. À la fin de la semaine, j’y entrai, non sans une vive appréhension. Les deux exempts m’attendaient ; ils me rejoignirent et se placèrent à mes côtés, après m’avoir donné toutes sortes de marques de respect.