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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

velle tragédie, nous avons bien pensé que vous ne pouviez pas vous dispenser de venir ce soir au théâtre.

Celui-ci avait plus de retenue.

— Qui est-ce qui joue ? lui demandai-je.

— C’est Bellecour, avec mademoiselle Dubois et la Clairon.

— C’est une belle fille, la Dubois ?

— Oui, monsieur le chevalier.

— Et qu’est-ce qu’on dit de l’ouvrage ? continuai-je indifféremment.

— De l’ouvrage de M. Saurin ?

— Oui.

— Mais, monsieur, répliqua l’exempt avec l’expression de la plus honnête surprise, est-ce que l’on peut dire quelque chose d’un ouvrage avant qu’il ait été représenté ?

— Bon ! vous savez bien ce que j’entends ; je demande ce que l’on pronostique, si l’on croit à un succès ou à une chute.

— Oh ! monsieur le chevalier, on s’attend à un succès.

— Comment cela ?

— Est-ce que M. Saurin n’est pas de l’Académie ?

— Eh bien, dis-je en riant, ce n’est pas une raison.

— C’est une raison pour un exempt, répondit-il avec une gravité un peu piquée.

Il n’y avait pas à causer avec cet homme-là.

Je me retournai vers la salle.

Blanche et Guiscard commença : le premier acte fut un peu froid, malgré une reconnaissance, et malgré le pittoresque des costumes siciliens, copiés au cabi-