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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

ait rien à risquer ; après quoi, vous aurez la bonté de me dire ce que c’est que ce chevalier, et le résultat de ces préliminaires. »

Le résultat de ces préliminaires fut que le chevalier de Mouhy devint le correspondant de Voltaire. Autre lettre, du mois de juin 1738, toujours à l’abbé Moussinot : « Je vous prie aussi de donner cent trente francs au chevalier de Mouhy : il m’est impossible de lui donner plus de deux cents livres par an. Si j’en croyais mes désirs et son mérite, je lui en donnerais bien davantage. Dites-lui que je suis charmé de l’avoir pour correspondant littéraire, mais que je demande des nouvelles très-courtes, des faits sans réflexions, et plutôt rien que des faits hasardés. »

Des faits sans réflexions ! voilà qui est peu obligeant pour l’auteur de la Mouche.

Le chevalier de Mouhy donna souvent prise au ridicule, et, comme Poinsinet d’innocente mémoire, il servit de plastron aux quolibets de ses confrères. Une aventure qui lui arriva sur les derniers temps de sa vie est assez originale et se détache assez de la foule des Ana pour que je la rapporte ici.

Il demeurait alors tout au haut d’une maison qui faisait le coin de la rue de l’Arbre-Sec et de la rue Saint-Honoré, vis-à-vis la fontaine. Un jour il reçut la visite de l’abbé Arnaud, de l’Académie française, plus spirituel mystificateur que glorieux académicien. Après les civilités d’usage, l’abbé Arnaud lui annonça qu’il venait de recevoir d’un jeune homme de province des Stances à la louange du chevalier de Mouhy.

— À ma louange, monsieur l’abbé ?