— À votre louange, monsieur le chevalier.
— Parbleu ! je suis curieux de connaître ces stances-là.
L’abbé déploya son papier et commença gravement :
Un des plus grands avantages
Dont notre siècle ait joui,
C’est d’avoir vu les ouvrages
Du chevalier de Mouhy.
— Il y a de la facilité, murmura l’auteur de la Paysanne parvenue, en savourant une prise de tabac.
— Ils respirent la noblesse ;
L’esprit en est ébloui.
Non, nul auteur n’intéresse
Comme monsieur de Mouhy.
— Ah ! dit le chevalier en se rengorgeant modestement, votre jeune homme est trop honnête.
— L’on prétend qu’il n’est pas d’homme
Qui n’ait quelquefois menti,
Mais personne ne ment comme
Le chevalier de Mouhy.
— Comment ! qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que l’on se moque de moi ?
— Patience, monsieur le chevalier.
— Non, monsieur l’abbé, je n’écouterai pas davantage cette impertinence.
L’abbé continua :
— Le bon goût, l’adresse extrême
Dont chaque ouvrage est rempli,
Font préférer au vrai même
Les mensonges de Mouhy.