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DORVIGNY.

et si original répertoire des Variétés-Amusantes.

L’idée d’écrire lui vint probablement en jouant ou en voyageant, car il courut longtemps la province et l’étranger. Comme ce n’était pas un écrivain de mainmorte, il sema ses œuvres sur tous les lieux de son passage : parades, impromptus, prologues, opéras-comiques, vaudevilles, comédies en vers et en prose. C’est ainsi que, de 1773 à 1779, on trouve de ses pièces :

À la Haye, pour la fête de la princesse d’Orange ;

À Lunéville, pour messieurs de la gendarmerie ;

À Lyon, pour le passage de Madame ;

Au Raincy, chez monseigneur le duc d’Orléans ;

À Versailles, à Fontainebleau, à Compiègne, à Nemours, aux petits appartements ; — car Dorvigny débuta dans la carrière littéraire par la poésie officielle ; ce fut un écrivain de cour : il griffonna tour à tour des à-propos pour l’inoculation de Sa Majesté, pour le mariage du comte d’Artois, pour la grossesse de la reine, pour l’arrivée de l’empereur. Rien ne lui coûtait : un coup de canif à sa plume, et le reste allait tout seul.

Heureusement, il se dégoûta bientôt de ce métier humiliant pour un fils de roi, et stupide pour un homme de talent. Après s’être essayé aux Italiens dans quelques parodies et à l’Ambigu-Comique dans deux ou trois vaudevilles, Dorvigny se résolut à mettre bas son habit brodé, et à suivre sa vocation pour le genre populaire. Ce fut alors qu’il fit jouer aux Variétés les Battus payent l’amende, farce qui fit le tour de l’Europe et du monde, et dont le principal personnage, Janot, est devenu un des types français les plus caractérisés. Il n’y a pas d’exemple