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PLANCHER-VALCOUR.

ces souvenirs que ne pourraient noyer tout le vin du Caveau et tout l’esprit de Voltaire.

Après sa mort, on trouva dans ses papiers manuscrits deux ou trois romans que l’on publia. Un seul mérite d’être distingué, c’est celui qui a pour titre : Colin-Maillard ou mes Caravanes, mémoires historiques de la fin du dix-huitième siècle, quatre volumes in-12.

Colin-Maillard, à dire d’experts, offre le récit à peu près exact des principaux épisodes de la jeunesse de Plancher-Valcour, — jeunesse vagabonde et hardie, comme on a pu le voir. Cet ouvrage ressemble à tous les ouvrages anti-religieux de la même époque : ce sont les mêmes tableaux, le même système de plaisanteries imbéciles sur les curés, presque les mêmes aventures. Toujours des amoureux déguisés qui s’introduisent dans des couvents de nonnes ! Toujours le comédien Sainte-Colombe, le militaire d’Esparville et le brigand Tranche-Montagne ! On dirait qu’il y a un moule pour ces romans de bas étage. Ce qui me les fait reconnaître et fuir aussitôt, c’est l’éternelle nuit d’auberge, immanquable chapitre où tous les héros se heurtent dans les ténèbres, se trompent de porte, se chamaillent, se battent, se renversent. Plancher-Valcour s’est bien gardé d’oublier cette tradition, et voici le texte de Colin-Maillard qui ne diffère en rien de celui des autres romans :

« … Grand Colas, effrayé des suites que pouvait avoir son expédition nocturne, s’enfuit plus vite que le vent pour regagner son écurie. Le chien le suit en aboyant et renverse dans l’escalier la garde malade