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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

qui allait chercher de l’eau et du sucre. La garde jette des cris à rendre les gens sourds. Tous les voyageurs épouvantés sont sur pied, et sortent en chemise de leurs chambres ; l’un est armé d’un fouet et l’autre d’un gourdin ; un troisième qui n’a point éteint sa lumière paraît avec un chandelier à la main pour éclairer ce tableau. Mademoiselle Chonchon Desallures, qui entend tout ce tintamarre, tremble au fond de son lit et se demande si le feu est à la maison ; tandis que le très-révérend père Pacôme Touffe-de-Foin psalmodie des versets de psaumes et ordonne aux démons invisibles de quitter cette auberge. On se croirait en plein sabbat : les chats effarés jurent, l’hôtelier accourt une broche à la main, les servantes éperdues vont quérir la maréchaussée ; de tous côtés on crie, on hurle, on se lamente. »

Eh bien, ce chapitre, vous le retrouverez mot pour mot dans Pigault-Lebrun, dans Victor Ducange, dans Raban ; il était stéréotypé chez Paul de Kock. Un roman joyeux ne peut pas plus se passer de nuit d’auberge qu’un roman de M. Alexandre Dumas ne peut se passer de flanconnades.

Quelqu’un, — un ami de Plancher-Valcour, sans doute, — a placé en tête de Colin Maillard les lignes les plus phénoménales qu’on puisse imaginer. J’en détache le morceau suivant, écrit avec un sérieux extrême : « Sans manquer aux égards que mérite le genre élevé, nous demandons à MM. de Chateaubriand, Benjamin Constant et Régnault de Warin (quel assemblage !), si Atala suppose plus de talents que Faublas, si Adolphe vaut mieux que M. Botte ?