a pour créanciers tous ceux qui ont eu la sottise de lui prêter de l’argent ! Et à qui n’en a-t-il pas emprunté ? L’auteur du Comte de Comminges devrait être immensément riche, et les raisons de sa pénurie habituelle sont un problème que nous n’entreprendrons pas de résoudre. »
C’est là, en effet, ce qui a toujours et vivement intrigué le dix-huitième siècle et une partie du dix-neuvième : où a passé tout cet argent ? qu’a fait Baculard de tant de petits écus ? à quelles œuvres mystérieuses les a-t-il employés ? Les buvait-il ou les mangeait-il ?
Ses autographes sont aussi nombreux que les grains de sable du rivage de la mer, mais ils se ressemblent tous : ce sont invariablement des demandes d’argent. Nous choisissons, entre cent, une lettre qu’il adressait à M. Necker, parce que c’est le modèle sur lequel sont copiées les autres. Elle est tirée de la collection Lucas-Montigny :
« C’est au bienfaiteur de la France, c’est à mon bienfaiteur que j’écris. Oui, monsieur, vous m’avez donné des marques de sensibilité[1] qui resteront gravées dans mon cœur jusqu’au dernier soupir. J’ai prié madame l’ambassadrice, votre fille, de vous présenter mes larmes[2] ; ce sont mes pleurs mêmes