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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

qui réclament de votre part de nouveaux témoignages de bienfaisance.

« Vous n’ignorez pas, monsieur, que mon engagement pour la petite somme que vous voulûtes bien me prêter est dans les mains de M. Dufresne. Je l’aurais déjà acquitté, cet engagement, sans les malheureuses circonstances où nous sommes ; et bien loin d’y faire honneur, ce sont de nouveaux secours que j’implore et que j’attends de votre humanité ; c’est de votre humanité même que j’intercède.

« Souffrez que je vous offre quelques détails nécessaires à vous être présentés.

« Quand je contractai l’engagement en question, j’avais droit, monsieur, de compter sur la possibilité de rendre, parce qu’un honnête homme n’emprunte pas sans cette conviction. Un changement inopiné dans les choses est survenu. La librairie s’en est ressentie, au point qu’on ne vend rien aujourd’hui que ces libelles à deux sous qui infectent les esprits et les âmes. Le croiriez-vous, monsieur ? un libraire a osé m’offrir de me payer toutes les semaines une somme assez tentante, si je voulais seulement donner mon nom pour un journal, et d’autres se chargeraient de la composition[1]. Je n’ai pas eu de peine à rejeter ces offres, quoique je sois dans une détresse au-dessus de toute expression. Voilà donc, monsieur, les seuls livres qu’on lise actuellement ! Madame l’ambassadrice vous dira qu’en ce moment la saine littérature est anéantie. J’avais un ouvrage qui pouvait me rapporter huit ou dix mille francs,

  1. Hum ! n’y a-t-il pas là une timide intention de menace ?