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BACULARD D’ARNAUD.

et il faut, pour le continuer, que j’attende un temps plus heureux. Cependant, monsieur, au moment où je réclame vos nouveaux bienfaits, je me trouve avec la certitude d’acquitter et ce que je vous dois déjà, et ce que je vous devrai.

« Voici ma planche de salut dans mon naufrage, et elle me conduira au port si vous daignez exaucer ma prière : on vient de jouer au Théâtre-Français une pièce de ma composition, le Comte de Comminges. Il y a huit jours qu’ils en ont reçu une autre, et la semaine prochaine ils doivent en recevoir une troisième ; la seconde a déjà paru imprimée, et elle jouit de quelque estime.

« Voilà donc, monsieur, ma base établie pour rendre dans le cours d’un an le prêt que je sollicite, ainsi que celui pour lequel M. Dufresne a reçu mon engagement. Je vous supplierai de m’accorder la somme de douze cents livres, que je vous rendrais, ainsi que l’ancienne somme, sur les produits de mes pièces, et cela, je le répète, dans le cours d’un an. Je vous en conjure, monsieur, ne me refusez point cette nouvelle marque de bienfaisance. Il n’est que vous seul à qui je puisse porter, je dirai les cris de ma douleur et de mon désespoir. Madame l’ambassadrice vous peindra mes situations. Si je ne puis vous toucher, je ne connais qu’un seul terme à mes maux ; vous m’entendez ; et ce moyen est affreux pour un mari et un père ; car je suis peu intéressé à la conservation de ma propre existence ; le fardeau est trop lourd, et si j’ose vivre, c’est pour soutenir les jours de deux victimes de mon espèce de fatalité. Daignez donc, monsieur, ne pas rejeter mes larmes ; ce sont celles de la reconnaissance que je verserai si