Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
OUBLIÉS ET DEDAIGNÉS.

contre le saint usurpateur de votre…, et je tâcherai de vous faire ravoir votre droit sur les prières de l’Église, qui ne font pas de mal en ce monde, si elles ne font pas grand bien dans l’autre. Seulement si vous me permettez de vous parler avec franchise, je suis un peu fâché du second que vous me donnez. J’ignore si vous connaissez le M. Trespagne qui est chargé de vos affaires. C’est à la fois le plus impertinent personnage, et le procureur le plus avide peut-être qu’il y ait au Palais. Je le connais, moi, de réputation d’abord, et ensuite par ma propre expérience. Il n’y a pas deux mois que j’aurais été fort le maître d’avoir avec lui un démêlé très-vif. L’histoire en serait trop longue. C’est une affaire que j’ai eu la générosité d’accommoder, quoiqu’elle dût me rapporter beaucoup en la laissant aller, comme auraient fait mes confrères. J’ai fait toutes les démarches nécessaires : j’ai rapproché les parties, et quand Trespagne a vu qu’il ne lui était pas possible d’empêcher l’arrangement, il a fait en sorte qu’il en a recueilli lui seul la reconnaissance et le fruit. Vous voyez qu’il y aurait pour moi du dégoût à me retrouver vis-à-vis de ce personnage,

« S’il vous était indifférent de le changer, j’en travaillerais bien plus agréablement avec un autre. Au reste cependant vous êtes le maître, et si vous l’exigez, je surmonterai ma répugnance. Ce que j’ai de plus à cœur est de vous être utile, et de saisir l’occasion de vous prouver mon attachement.

« Vous sçavez à présent l’événement terrible du procès des profanateurs. Je suis à présent occupé à obtenir la distraction du procès de Maillefer et de son compagnon d’infortune, d’avec celui de Labarre et de Detalonde. Il y a longtemps que cela devrait être fait ; mais nous nous sommes laissés amuser ici par l’abesse de Villa… et par M. d’Ormessac, son parent, président à mortier, qui ont été eux-mêmes duppes de vos juges d’Abbeville. En vérité, j’en ai bien du regret. Cette affaire est affreuse dans toutes ses faces. Je vais écrire vigoureusement pour justifier mes deux jeunes clients. Il est bien triste pour eux d’avoir été im-