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MERCIER.

« — Oh ! seulement comme confrère de l’Institut. Entre académiciens on se passe l’épigramme.

« — Est-ce pour attaquer l’académicien que vous appelez Sa Majesté Impériale l’homme-sabre ?

« — On vous a trompé : j’ai nommé Sa Majesté Impériale sabre-organisé. C’est bien différent[1] !

« — Monsieur ! monsieur ! vous cassez les vitres ! s’écria M. de Rovigo, devenu cette fois furieux.

« — Monsieur ! monsieur ! répondit Mercier en se levant et prenant le diapason donné, pourquoi diantre avez-vous des vitres ?

« À ce mot, et surtout à la façon de le dire, le duc ne se contient plus ; il court de long en large dans son bureau. Mercier, à qui ce mouvement agace les nerfs, en fait autant. Tous deux vont, viennent, se croisent, se regardent, l’un avec courroux, l’autre avec bravade. Enfin, chez M. Savary, les habitudes du camp l’emportent ; il avance vers Mercier, qui continuait ses allées et venues, il le prend par une basque de l’habit et lui crie :

« — Je vous ferai f….. à Bicêtre !

« À cette menace, réciprocité de fureur du côté de Mercier : il accroche à son tour le duc par un pan de son frac, et, enflant la voix :

« — Mercier à Bicêtre !… Vous ? Apprenez que je porte un nom européen, et qu’on ne m’escamote pas incognito. À Bicêtre !… Je vous en défie !!!

« Il s’éloigne jusqu’à la porte, place fièrement et un peu sur l’oreille gauche son superbe chapeau à

  1. Il avait fait plus : décoré par l’empereur, il lui avait renvoyé sa croix.