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MERCIER.

ront enchantés du tombeau et des pierres qui pleurent ; ils y gagneront, ils diront aux voyageurs : « Restez chez nous jusqu’à demain, nous vous ferons voir des marbres sculptés et des épitaphes en or. » Mais la gloire de Fénelon n’en sera pas plus étendue pour cela.

« Fénelon n’est plus sur cette misérable terre, il est dans le monde des esprits. Bâtissez une chaumière, donnez-la à un indigent et mettez sur la porte : L’esprit de Fénelon est ici. Fénelon aimera mieux que l’on fasse quelque bien à un pâtre qu’à un doreur. Autorités constituées ! les tombeaux ne logent personne.

« Laissons la pourriture aux vers, ne nous attachons point au matériel ; l’union de l’âme avec le corps est accidentelle, passagère, humiliante ; quand la séparation est faite, n’allez pas rappeler l’accident. Le squelette de Fénelon m’afflige, je suis bien fâché qu’on l’ait trouvé : ce n’est ni l’avant-bras ni les phalanges de ses doigts qui ont écrit ce que nous lisons.

« J’ai vu Jean-Jacques Rousseau manquer de bois pour se chauffer pendant l’hiver ; à sa mort, on fit venir des sculpteurs. Il y a peut-être dans vos murs un Fénelon qui manque de soupe : apprenez à le connaître, déterrez ce mérite, voilà un estimable orgueil. »

Sébastien Mercier fut plusieurs fois mis en évidence par sa qualité de membre de l’Institut ; peu de temps avant sa mort, il fit partie de la députation qui alla complimenter Monsieur.

À l’âge de soixante-quatorze ans, il se croyait en-