pourquoy ne vous logez vous, des cette heure, où vous dictes aspirer, et vous espargnez tant de travail et de hazard que vous jettez entre deux ?
Finis, et omnino quoad crescat vera voluptas.
Je m’en vais clorre ce pas par ce verset ancien que je trouve singulierement beau à ce propos :
Des Loix Somptuaires
A façon dequoy nos loix essayent à regler les foles et vaines despences des tables et vestements, semble estre contraire à sa fin. Le vray moyen, ce seroit d’engendrer aux hommes le mespris de l’or et de la soye, comme de choses vaines et inutiles ; et nous leur augmentons l’honneur et le prix, qui est une bien inepte
façon pour en dégouster les hommes ; car dire ainsi, qu’il n’y aura
que les Princes qui mangent du turbot et qui puissent porter du velours et de la tresse d’or, et l’interdire
au
peuple, qu’est-ce autre chose que mettre en credit ces choses là, et
faire croistre l’envie à chacun d’en user ? Que les Roys quittent
hardiment ces marques de grandeur, ils en ont assez d’autres : tels
excez sont plus excusables à tout autre qu’à un prince. Par
l’exemple
de plusieurs nations, nous pouvons apprendre assez de meilleures
façons de nous distinguer exterieurement et nos degrez (ce que
j’estime à la verité estre bien requis en un estat), sans nourrir
pour
cet effect cette corruption
et incommodité si apparente. C’est merveille comme la coustume, en
ces choses indifférentes, plante aisément et soudain le pied de son
authorité. A peine fusmes nous un an, pour le dueil du Roy Henry
second, à porter du drap à la cour, il est certain que desjà, à
l’opinion d’un chacun, les soyes estoient venues à telle vilité que,
si vous en voyez quelqu’un vestu, vous en faisiez