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DES ROMAINS, CHAP. XI.


reviendrait sur la terre, il le tuerait tout de même ; et, quoique, par la continuation de la tyrannie, cet esprit de liberté se perdît peu à peu, les conjurations, au commencement du règne d’Auguste, renaissaient toujours.

C’était un amour dominant pour la patrie qui, sortant des règles ordinaires des crimes et des vertus, n’écoutait que lui seul et ne voyait ni citoyen, ni ami, ni bienfaiteur, ni père : la vertu semblait s’oublier pour se surpasser elle-même, et, l’action qu’on ne pouvait d’abord approuver parce qu’elle était atroce, elle la faisait admirer comme divine.

En effet, le crime de César, qui vivait dans un gouvernement libre, n’était-il pas hors d’état[1] d’être puni autrement que par un assassinat ? Et demander pourquoi on ne l’avait pas poursuivi par la force ouverte ou par les lois, n’était-ce pas demander raison de ses crimes ?

  1. A. N’étoit-il pas de s’être mis hors d’état puni autrement que par un assassinat ?