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LETTRES FAMILIÈRES.


vis à Vienne, ce fut de chercher à obtenir leur amitié, et je l’ai obtenue.

Madame de Saint-Maur me mande que vous êtes en Piémont dans une nouvelle Hercule [1], où, après avoir gratté huit jours la terre, vous avez trouvé une sauterelle d’airain. Vous avez donc fait deux cents lieues pour trouver une sauterelle ! Vous êtes tous des charlatans, messieurs les antiquaires. Je n’ai point de nouvelles ni de lettres de l’abbé Venuti depuis son départ de Bordeaux : il avoit quelque bonté pour moi avant que d’être prêtre et prévôt. Mandez-moi si vous retournerez à Paris : pour moi, je passerai ici l’hiver et une partie du printemps. La province est ruinée ; et dans ce cas tout le monde a besoin d’être chez soi. On me mande qu’à Paris le luxe est affreux : nous avons perdu ici le nôtre, et nous n’avons pas perdu grand’chose. Si vous voyiez l’état où est à présent la Brède, je crois que vous en seriez content. Vos conseils ont été suivis, et les changements que j’ai faits ont tout développé : c’est un papillon qui s’est dépouillé de ses nymphes. Adieu, mon ami, je vous salue et embrasse mille fois.


De la Brède, le 9 novembre 1751.
  1. Ancienne ville d’Industria, dont on a découvert des ruines près des bords du Pô en Piémont, mais dont la découverte n’a pas produit beaucoup de richesses antiques ; les morceaux les plus précieux qu’on ait trouves, sont un beau trépied de bronze, quelques médailles, et quelques inscriptions. (GUASCO.)
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