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LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE CXI.


AU MÊME.


A FONTAINEBLEAU.


Ce que vous me mandez par votre billet d’hier ne sauroit me déterminer à renoncer au principe que je me suis fait [1]. Depuis le futile de La Porte [2] jusqu’au pesant Dupin [3], je ne vois rien qui ait assez de poids pour mériter que je réponde aux critiques : il me semble même que le public me venge assez, et par le mépris de celles du premier, et par l’indignation contre celles du second. Par le détail que vous me ferez à votre retour de ce que vous avez entendu

  1. De ne point répondre aux critiques de l'Esprit des Lois.
  2. L’abbé de La Porte fut le premier qui osa critiquer l'Esprit des Lois, dans ses feuilles périodiques. On disoit dans le public qu’il y avoit été induit par M. Dupin, fermier général, qui commençoit à escarmoucher par des troupes légères envoyées en avant. (GUASCO.)

    Sur l’abbé de la Porte et son livre, voyez l'Introduction à l'Esprit des Lois, sup., t. III, p. XXXVII.

  3. Ce fermier général fit ensuite imprimer, à ses frais, une critique presque aussi étendue que l'Esprit des Lois, qu’il distribua à ses connoissances, à condition do ne point la prêter. On ne manqua pas cependant de faire passer un exemplaire de cette critique entre les mains de M. de Montesquieu, et dès qu’il eut parcouru quelques parties de cette rapsodie, il dit qu’il ne valoit pas la peine de lire le reste, se reposant sur le public. En effet, la mauvaise foi qu’on découvrit dans les citations des passages mutilés, à dessein de rendre l’auteur de l'Esprit des Lois odieux au gouvernement, ainsi que les mauvais raisonnements, l’indignèrent au point que M. Dupin crut devoir retirer les exemplaires distribués, sous prétexte d’en faire une nouvelle édition, pour corriger des fautes qui s’étoient glissées ; mais cette nouvelle édition ne parut jamais. (G.)

    C’est une erreur. Les Observations en trois volumes parurent vers 1753. Sur les deux ouvrages de Dupin, voyez l’Introduction à l’Esprit des Lois, sup. t. III, p. XXXVIII.