Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/42

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puissance législative se trouvoit jointe à l’exécutrice, celle-ci pourroit exécuter tyranniquement les peines portées par cette loi ; parce qu’en ce cas la volonté se trouveroit combinée à la force. De même, si la puissance judiciaire se trouvoit jointe à la législative, les jugemens ne suivroient pas tant l’esprit de la loi, ou son équité, mais la volonté & les vues particulieres de celui qui l’a faite ; le juge seroit législateur. Voilà, dit ensuite cet interprete, comment il faut entendre M. de Montesquieu ; & ce qu’il dit prouve évidemment qu’on ne peut l’expliquer d’une autre façon, à moins d’en ôter tout le sens, & de tomber dans l’absurde. »

Ainsi notre critique, pour relever M. de Montesquieu de l’absurde dans lequel il prétend que ce grand homme étoit tombé, fait disparoître la puissance qui appartient à chaque état de se rendre, ou de se faire rendre la justice qui lui est due en conséquence du droit des gens ; &, pour cet effet, il confond le droit des gens avec le droit civil. Il dit que, « suivant que l’objet des affaires étrangeres se rapporte à la simple volonté ou à l’exécution, il tombe sous la puissance législative, ou sous l’exécutrice. Par exemple, faire la paix, en tant que contracter, est un acte de simple volonté, qui ne peut tomber sous la puissance exécutrice. »

Sous quelle puissance cet acte tombe-t-il