Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/116

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douceurs de la vertu et la dignité de leur être : le cœur est touché ; l’âme, agrandie ; l’esprit, élevé.

139(577. I, ^442 v°)- — La liberté ne s’obtient que par des coups d’éclat, mais se perd par une force 5 insensible i.

140(579- I, *° 444). — Les mauvais pays sont ordinairement libres. C’est qu’ils ne fournissent pas assez au Prince pour pouvoir se rendre le maître.

141 (580. I, f° 444). — Persée étoit un homme entre

10 les mains duquel une grande entreprise ne peut jamais réussir. Il avoit une avarice stupide, qui lui faisoit regarder la conservation de ses trésors comme indépendante de celle de son royaume. Tout ce qui lui pouvoit coûter de l’argent n’étoit point pour lui

i5 un moyen de se défendre. Dès qu’il avoit le moindre succès, il trompoit ses alliés. Au moindre revers, il tomboit dans une consternation qui lui ôtoit le sens. Il n’avoit qu’à tenir les passages de la Macédoine fermés ; il les ouvrit dans sa frayeur. Enfin,

a0 ce prince, toujours occupé à discuter de petits intérêts, qui regardoit la ruse comme la seule des vertus royales, aimoit les affaires avec une totale incapacité d’y réussir. S’il avoit eu des qualités personnelles, il étoit

25 dans des circonstances où les peuples de Grèce commençoient à voir que les Romains ne leur par

1. Mis (je crois) dans les Romains.