Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/223

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372* (170o. III, f°40). — On a ouï parler du jeu de Phryné. Elle étoit dans un grand festin ; on joua ce jeu où chaque convive commande à son tour aux autres ce qui lui plaît. Elle avoit remarqué que des femmes qui étoient au festin étoient fardées. 5 Elle fit apporter de l’eau, prit un linge, et s’en lava le visage. Ces femmes parurent hideuses et pleines de rides ; Phryné resta avec l’éclat de sa beauté naturelle. Voilà la Religion et la Superstition.

373* (1715. III, f° 44). — Comme nous avons dit 10 que le principe du Gouvernement se corrompt, le principe de la Religion peut se corrompre aussi: tandis qu’il est piété, le Ciel n’a rien fait de mieux ; quand il devient superstition, la Terre n’a rien enfanté de pire. i3

374* (1844. III, f° io5). — Religion. — Dans la caste des laboureurs, lorsqu’on se fait percer les oreilles, ou qu’ils se marient, ils doivent se faire couper deux doigts de la main et les présenter à l’idole, si l’on n’aime mieux faire présent de deux doigts d’or 20 à la Divinité1.

Il est singulier que ce soit ceux qui ont le plus besoin de leurs doigts qui les fassent couper. Cela est tiré de l’idée qu’on ne peut donner à Dieu qu’en se privant.

375* (1779. III, f° 71 v°). — Comme les loix de 2 b quelque religion que ce soit sont de nature à ne

1. Seizième Recueil [des] Ltttres édifiantes, page i32.