Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/308

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vous n’eussiez pas les mêmes raisons, mon bonheur fut tel que je vis qu’à mesure que j’avançois vers vous, vous vouliez bien vous approcher de moi. Et telle fut ma situation que je fus presque obligé 5 par reconnoissance de chérir ce que j’admirois. Voilà ce qui m’a déterminé à vous consacrer ce petit ouvrage : car, si le hasard le fait passer à la postérité, il sera le monument éternel d’une amitié qui me touche plus que la gloire.

10 537*(237.1, p. 253).—Je ne ferai point d’épître dédicatoire : ceux qui font profession de dire la vérité ne doivent point espérer de protection sur la Terre.

J’entreprends un ouvrage de longue haleine : i5 l’histoire de la Société est plus féconde en grands événements que celle des nations les plus belliqueuses. On y trouve une grande compagnie, dans une guerre continuelle contre un monde d’ennemis, attaquer et se défendre avec le même courage, 2o Toujours obstinée dans les bons et dans les mauvais succès, elle profite des uns par son adresse et sait réparer les autres par sa fermeté. C’est sous l’étendard de la Religion que l’on combat pour des intérêts purement humains, et qu’on travaille à s’entre25 détruire. Les princes qui sont amenés sur la scène augmentent le trouble, bien loin de l’apaiser, et, au lieu de se porter pour médiateurs, ils deviennent eux-mêmes chefs de parti.

538*(1642. III, f° 4 v°j. — Petite Préface pour l’Histoire