Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/309

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de France. — Un docteur de l’Université de Salamanque a trouvé, par un calcul exact, que, depuis la mort de Henri IV jusqu’au traité des Pyrénées, les ligues, les associations de la noblesse, les délibérations des parlements, les différentes 5 expéditions, les traités de paix et de guerre, ne coûtèrent que 118 minutes de réflexion à toutes les têtes françoises ; qu’en remontant plus haut, aux règnes de Henri III, Charles IX, François II, ils furent dans une distraction générale et s’entre- 10 tuèrent, toujours sans y penser. Un de leur roi qui, par hasard, pensoit beaucoup, se voyant chef d’une nation qui ne pensoit pas, entreprit de la subjuguer, y réussit, et se mit, comme il disoit, hors de page." i5

539*(1183. II, f°83). - Je suis dans des circonstances les plus propres du Monde pour écrire l’histoire. Je n’ai aucune vue de fortune : j’ai un tel bien, et ma naissance est telle, que je n’ai ni à rougir de l’une, ni à envier ou admirer l’autre. Je n’ai point ao été employé dans les affaires, et je n’ai à parler ni pour ma vanité, ni pour ma justification. J’ai vécu dans le monde, et j’ai eu des liaisons, et même d’amitié, avec des gens qui avoient vécu à la cour du prince dont je décris la vie. J’ai su quantité 25 d’anecdotes dans le monde où j’ai vécu une partie de ma vie. Je ne suis ni trop éloigné du temps où ce monarque a vécu pour ignorer bien des circonstances, ni trop près pour en être ébloui. Je suis dans un temps où l’on est beaucoup revenu de l’admiration