Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/312

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sur moi quelque regard favorable. Je lisois dans les poètes que les Dieux quelquefois descendoient sur la Terre et se communiquoient aux mortels. >

XI. SUR LA LITTÉRATURE.

5 542 (1oo6. II, f° 32). — On ne peut pas dire que les lettres ne soyent qu’un amusement d’une certaine partie des citoyens ; il faut les regarder sous une autre face. On a remarqué que leur prospérité est si intimement attachée à celle des empires qu’elle en est

i° infailliblement le signe ou la cause. Et, si l’on veut jeter un coup d’œil sur ce qui se passe actuellement dans le Monde, nous verrons que, dans la même raison que l’Europe domine sur les autres trois parties du Monde et est dans la prospérité, tandis que

i5 tout le reste gémit dans l’esclavage et la misère : de même l’Europe est plus éclairée, à proportion, que dans (sic) les autres parties, où elles sont ensevelies dans une épaisse nuit. Que si nous voulons jeter les yeux sur l’Europe, nous verrons que les états où les

a0 lettres sont les plus cultivées ont aussi, à proportion, plus de puissance. Si nous ne jetons les yeux que sur notre France, nous verrons les lettres naître ou s’ensevelir avec sa gloire, donner une lueur sombre sous Charlemagne, et puis s’éteindre ; reparoître sous

25 François Ier et suivre l’éclat de notre monarchie. Et, si nous nous bornons au grand règne de Louis XIV, nous verrons que, le temps de ce règne où la prosT. 1. 35