Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/313

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périté fut plus grande, le succès des lettres le fut aussi.

Que si vous jetez les yeux sur l’Empire romain, si vous examinez les ouvrages de l’art qui nous sont restés, vous verrez la sculpture, l’architecture 5 et, enfin, tous les autres arts se pencher et tomber comme l’Empire : la sculpture et l’architecture croître depuis Auguste jusques à Hadrien et à Trajan, et dépérir jusques à Constantin.

Que si vous jetez les yeux sur l’empire des Califes, i° vous verrez que ceux de la famille d’Abbas, dont l’esprit général fut de faire fleurir les sciences, Almanzor, Raschid et son fils Alamon, qui surpassa dans cet amour tous ses ancêtres, qui obtint de l’empereur d’Orient tous les livres grecs de philo- i5 sophie, en fit traduire un grand nombre

Que si vous jetez les yeux sur l’empire des Turcs, sur sa foiblesse dans le même pays où l’on avoit vu autrefois un si grand nombre de puissantes nations, vous verrez que, dans ce pays, il n’y a que l’igno- 20 rance qui soit égale à cette foiblesse dont nous parlons ; et, si nous comparons cet état dans le temps où il est à présent, avec ceux où ils eurent le pouvoir de tout conquérir et de tout détruire, vous verrez que cela part de ce principe certain qu’il a5 ne peut y avoir deux sortes de peuples véritablement puissants sur la Terre : ou des nations totalement policées, ou des nations totalement barbares.

On sait2 que ces vastes empires du Pérou et du

1. Voir cela.

2. Voir ce que j’en ai dit dans un morceau à part.