Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


568(499.1, p. 41o). — Outre les bons traitements que les Romains furent obligés d’accorder aux Sabines qu’ils avoient enlevées, les Romaines ayant dans les temps difficiles témoigné du zèle pour le bien public, elles reçurent de nouvelles marques de 5 considération.

Un sexe si engageant prend toujours de nouveaux avantages. Elles rendirent leurs maris tous les jours moins difficiles et leur firent agréer des choses auxquelles les autres peuples n’étoient point accoutu- 10 més. Un vieux censeur s’indignoit de voir un peuple qui commandoit à tous les hommes, entièrement dominé par les femmes.

La jalousie fut si peu connue chez les Romains que les auteurs qui nous restent ne nous parlent i5 presque jamais de cette passion ; et l’abus alla si loin qu’il fallut que la Puissance publique punît les maris de leur trop grande complaisance pour leurs femmes ; et les Empereurs romains, dans l’abus continuel qu’ils firent de leur puissance, dédaignèrent 20 de s’en servir pour maintenir les leurs dans la fidélité. Ils se contentoient presque toujours de les répudier, et souvent ils poussoient la patience plus loin. On voit une longue suite d’impératrices qui déshonorent la couche impériale d’une manière indi- 25 gne ; plusieurs même furent courtisanes publiques, comme Messaline, femme de Claude, et Julia, femme de Sévère. Le nom de Julia passa en proverbe, comme un nom de débauche et de prostitution.

Ce n’est pas qu’on n’eût tenté souvent de corriger 3o le désordre, surtout lorsque la République fut gou