Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/383

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sence nuisit plus au parti, qu’elle n’y servit. Le Roi fut reçu à Paris. C’est là qu’il employa toute son adresse à gagner les cœurs.

Le duc de Bourgogne avoit fait une alliance très longue avec les Anglois, et, dans le cours de ces 5 guerres, les François et les Parisiens surtout s’étoient accoutumés à regarder les Bourguignons comme ennemis. Ainsi, s’ils n’aimoient pas le Roi, ils aimoient encore moins les Bourguignons : on s’y souvenoit des anciens maux. Le Roi caressoit les 10 Parisiens, et ses vices sembloient disparoître avec sa fortune. Il leur disoit qu’il étoit venu à eux comme ses premiers sujets ; qu’il vouloit les traiter en père ; que les princes ligués ne cherchoient que le saccagement des grandes villes et la dissolution i5 de la Monarchie ; que, pour lui, il regrettoit une paix qui l’auroit mis en état de leur faire les plus grands biens ; qu’il ne refusoit point un apanage à son frère ; mais qu’il ne pouvoit consentir à lui donner la Normandie et à voir distraire de la 20 Couronne les forces de la Royauté. Falloit-il donc multiplier les tributs sur les provinces qui resteroient à son domaine, ou revoir la France dans la foiblesse dont elle venoit de sortir ? Qu’il voyoit autour de leurs murailles ces Bourguignons, qu’ils avoient si a5 longtemps vus parmi les Anglois.

Les seigneurs françois ne laissoient pas d’être embarrassés. Leur ressource étoit l’assemblée des états. Mais le Peuple et le Clergé y étoient toujours contre eux, parce qu’il craignoit (sic) les guerres 3o civiles et l’ambition des seigneurs ; ils craignoient