Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/401

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craint, il l’est bien plus envers ceux qu’il méprise. Il ne respecte jamais tant le trône que quand il le voit couvert de lauriers.

Le roi de Bohême avoit contre lui : la Maison d’Autriche ; la Couronne de France, à qui sa maison étoit odieuse à cause des secours qu’elle avoit tou- 5 jours accordés aux Protestants ; les négociations de son beau-père ; ses irrésolutions, souvent compagnes de l’adversité et souvent plus fatales que l’adversité même.

Stuart, maison sur laquelle le Destin frappe sans io cesse pour étonner tous les roix ; dont la grandeur n’a été faite que pour les disgrâces ; qui a souffert des outrages inconnus aux souverains ; qui a eu des malheurs semblables à ceux que vantent les fables.

Le mariage de la princesse de France avec i5 Charles Ier, mariage qui avoit d’abord alarmé les Espagnols, ne fut heureux ni pour la France, ni pour l’Angleterre, ni même pour les deux époux. Dans le voyage que Buckingham, favori du roi d’Angleterre, avoit fait pour chercher sa reine, il M avoit vu la jeune reine de France ; il avoit eu l’audace de l’aimer, et Richelieu, celle d’en être jaloux. La haine des deux favoris passa dans le cœur des deux roix. La reine de France fut toujours insultée par Richelieu ; celle d’Angleterre, par Bue- 25 kingham. On ôte, à la première, ses plus chers domestiques ; on chicane la seconde sur sa religion.