Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/420

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Supposons, pour un moment, qu’un gouvernement cruel et destructeur se trouvât établi dans tout l’Univers, et qu’il ne subsistât pas par la force des tyrans, mais par une certaine crédulité et supers

5 tition populaire. Si quelqu’un venoit désabuser les hommes de cette superstition et leur apprendre des loix invariables et fondamentales, ne seroit-il pas proprement le bienfaiteur du Genre humain ? et quel héros, à plus juste titre, mériteroit des autels ?

10 II n’y a pas de bon sens de vouloir que l’autorité du Prince soit sacrée, et que celle de la Loi ne le soit pas.

La guerre civile se fait lorsque les sujets résistent au Prince ; la guerre civile se fait lorsque le Prince

i5 fait violence à ses sujets : l’un et l’autre est (sic) une violence extérieure.

Mais (dira-t-on) on ne dispute pas le droit des peuples ; mais les malheurs de la guerre civile sont si grands qu’il est plus utile de ne l’exercer jamais.

20 Comment peut-on dire cela ? Les Princes sont mortels ; la République est éternelle. Leur empire est passager ; l’obéissance de la République ne finit point. Il n’y a donc point de mal plus grand, et qui ait des suites si funestes, que la tolérance d’une

2b tyrannie, qui la perpétue dans l’avenir.

604* (1253. II, f° io5 v°). — De VAmitiéi. — Les

i. Ce qui suit, jusques à la page i 34, sont (sic) des morceaux qui ont (sic) resté de ce que j’ai fait sur les devoirs. J’en ai fait un commencement, que j’ai donné à l’Académie de Bordeaux pour une dissertation. Comme je ne continuerai pas, selon toutes les apparences, je crois qu’il faudra la rompre et la joindre ici.