Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/425

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connut, dans sa jeunesse même, toutes les vanités de sa jeunesse. Le chancelier de L’Hôpital, tel que les loix, fut sage comme elles dans une cour qui n’étoit calmée que par les plus profondes dissimulations ou agitée que par les passions les plus violentes. 5 On vit, dans La Noue, un grand citoyen au milieu des discordes civiles. L’Amiral fut assassiné n’ayant dans le cœur que la gloire de l’État, et son sort fut tel qu’après tant de rebellions il ne put être puni que par un grand crime. Les Guises furent extrêmes 10 dans le bien et le mal qu’ils firent à l’État : heureuse la France s’ils n’avoient pas senti couler dans leurs veines le sang de Charlemagne ! Il sembla que l’âme de Miron, prévôt des marchands, fut celle de tout le Peuple. Henri IV, je n’en dirai rien : je parle à des i5 François. Molé montra du (sic) héroïsme dans une profession que ne s’appuye ordinairement que sur d’autres vertus. César auroit été comparé à M. le Prince s’il étoit venu après lui. M. de Turenne n’avoit point de vices, et peut-être que, s’il en avoit 20 eu, il auroit porté de certaines vertus plus loin : sa vie est une hymne à la louange de l’humanité. Le caractère de M. de Montausier a quelque chose de celui des philosophes anciens et de cet excès de leur raison. Le maréchal de Catinat a soutenu la 25 victoire avec modestie et la disgrâce avec majesté, grand encore après la perte de sa réputation même. M. de Vendôme n’a jamais rien eu à lui que sa gloire.

610* (1259. II, f° 11o). — Des Récompenses. —Je . n’entends point parler de la postérité de ces six 3o