Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/457

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honnêtes gens que lui : car, si cela n’étoit pas, son état seroit d’abord bouleversé.

637-646. Princes.

637 (534. I, p. 427). — Ordinairement, on élève 5 mal les Princes, parce que ceux à qui on confie leur éducation sont eux-mêmes enivrés de leur grandeur. Ils ne peuvent donc leur faire sentir ce qu’ils ne sentent pas eux-mêmes. Quand on dit à un prince qu’il doit être humain, on le lui prouve par la plus 10 mauvaise raison, qui est qu’il lui est utile de se faire aimer ; de façon que s’il arrive (ce qui n’est pas rare) qu’ils (sic) méprisent assez un homme pour ne pas se soucier de lui plaire, ils ne seront plus humains.

Il faut donc les ramener, en même temps, aux 0 grands principes de la Religion, de la Société, de l’égalité naturelle, de l’accident de la grandeur, et de l’engagement où ils sont de rendre les hommes heureux.

638 (535. I, p. 428). — Il est bon que vous sachiez, 20 ô Princes, que, dans les démêlés que ceux qui exercent votre autorité ont avec vos sujets, ils ont ordinairement tort. Le Peuple, naturellement craintif, et qui a raison de l’être, bien loin de songer à attaquer ceux qui ont votre puissance dans les mains, a »5 même de la peine à se déterminer à se plaindre.

639(536.1, p. 428). — Lorsqu’un prince élève quelque malhonnête homme, il semble qu’il le