Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


86* (1297. II, f° 137). — Du reste, dans tout ceci, je n’ai prétendu louer ni blâmer notre nation. Quand j’agis, je suis citoyen; mais, lorsque j’écris je suis homme, et je regarde tous les peuples de l’Europe avec la même impartialité que les différents peuples de l’île de Madagascar.

87* (764.1, p. 5oo).—Je ne juge jamais des hommes par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils n’ont pas fait à cause des préjugés de leurs siècles. La plupart des grands hommes y ont été soumis. Le mal est lorsqu’ils y ont ajouté du leur: car, d’ailleurs, ils n’ont pas vu, la plupart du temps, les préjugés de leur siècle, parce qu’ils n’ont pas voulu les voir. Qui sont les sots qui prétendent avoir plus d’esprit que les grands hommes qui s’y sont soumis? Je ne juge point de saint Louis par ses croisades. Il m’est indifférent que M. Arnaud fût janséniste, s’il a bien raisonné sur le jansénisme. Je n’estime pas non plus un homme parce qu’il les a suivis, et ne fais cas ni de la pauvreté de Fabricius, ni du retour de Regulus (je parle seulement du retour); mais je fais cas de la fermeté et de la vertu de Platon et de Socrate.

88(1477. II, f° 218 v°). —Je disois: «Je voudrois bien être le confesseur de la vérité; non pas le martyr. »

89* (1438. II, f° 2o7 v°). — Quelques gens ont regardé la lecture du Temple de Gnide comme dangereuse. Mais ils ne prennent pas garde qu’ils imputent