Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/74

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à un seul roman le défaut de tous. Qu’il y ait, dans une pièce de vers, des choses licencieuses, c’est le vice du poète. Mais que les passions y soyent émues, c’est le fait de la poésie.

5 La lecture des romans est dangereuse sans doute. Qu’est-ce qui ne l’est pas? Plût à Dieu que l’on n’eût à réformer que les mauvais effets de la lecture des romans! Mais ordonner de n’avoir pas de sentiments à un être toujours sensible; vouloir bannir

io les passions, sans souffrir même qu’on les rectifie; proposer la perfection à un siècle qui est tous les jours pire; parmi tant de méchancetés, se révolter contre les foiblesses : j’ai bien peur qu’une morale si haute ne d[ev]ienne spéculative, et qu’en nous montrant de si loin ce que nous devrions être on

i 5 ne nous laisse ce que nous sommes.

90* (1948. III, f° 256). — Réflexions. — Quelques scènes de Corneille me donnèrent l’idée de ce dialogue (de Sylla). J’étois jeune, et il falloit être bien jeune pour être excité à écrire par la lecture 2o du grand Corneille et par la lecture de cet auteur qui est souvent aussi divin que lui.

91* (932. II, f° 16). — Le succès de ce livre a pleinement rempli mon ambition, puisque toutes les critiques que l’on a fait (sic), après un mois de vie 25 ou d’engourdissement, sont ensevelies dans la nuit éternelle du Mercure, avec les énigmes et les relations des gazetiers.

Hoc miserœ plebi stabat commune sepulcrum.