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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/49

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IN HYMNIS ET CANTICIS

Il écrit — et l’on remarquera la consistance de ce style improvisé :

« Cette tradition de ses morts et de sa terre que chacun doit retrouver dans sa conscience, elle ne consiste point en une série d’affirmations décharnées dont on puisse tenir catalogue. Et, plutôt que des jugements sur la société, c’est un sentiment général de la vie, c’est une manière de réagir commune en toute circonstance à des gens de même formation. Il ne suffira guère qu’à un enfant je fasse apprendre par cœur les plus beaux aphorismes du monde ; il faut que je trouve des images qui soient vivantes pour un petit garçon dans sa vie de tous les jours, des images, entendez-moi bien, qui déchaînent en lui de la musique. »

De la musique ! La gamme des sons qui forment l’harmonie de la patrie. Voilà qui condamne le procédé, les accumulations de dates et de batailles, les énumérations fastidieuses où s’épuise la géographie, la stylistique morte réduite à une mnémotechnique blafarde, les principes « sans chair » enfin dont on ne fait des motifs d’action que si on les raisonne en les rattachant à la vie.

L’enseignement livresque est la cause de notre mal. Il s’en tient à la lettre du manuel, que reflète le miroir de l’examen. Nulle vie. Un champ clos de questions et de réponses, les unes entraînant les autres dans un mouvement de mitrailleuse. J’ai parcouru trente copies que le hasard m’avait confiées : elles étaient désespérément semblables, et presque toutes portaient le maximum des points. On s’y