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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/77

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LUMIÈRE DU NORD

devine le port, enrichi sous le vent du large et qui accueille les produits du monde entier sans que son originalité en soit troublée. La fidélité à l’art protège Copenhague qui, tout en s’adressant à l’étranger pour constituer sa vie propre, sait demeurer soi-même. Nombreux sont les musées consacrés à l’universelle beauté, sans doute, mais aussi au réalisme des œuvres nationales, au folk-lore, aux lointaines tentatives dont témoigne l’ethnographie.

C’est ce trait, ou plutôt cette physionomie d’ensemble, qui m’a frappé et conquis. J’en ai recueilli pour nous une leçon sur laquelle je suis revenu bien souvent parce qu’elle m’inspirait la vision de ce que nous pourrions accomplir si nous consentions à nous plier aux mêmes disciplines. Le Danemark a du caractère, et ce caractère il l’a façonné grâce à ses traditions. On croirait que la répétition d’un type crée la monotonie puisque, au fond, c’est à cela que se réduit la standardisation. Il n’en est rien parce que le type ici sert de guide à l’invention, s’assouplit au goût individuel, s’adapte sans renoncer aux exigences de ses origines. Cela produit une richesse de tons et de lignes infiniment agréable où l’esprit, au lieu du désordre édenté qu’une architecture hybride provoque dans nos villes, trouve l’apaisement d’une harmonie.

Un tel pays se laisse regarder sans rougir. Il a tenu. Sa volonté de rester soi-même n’a pas fléchi. Très au courant des idées nouvelles, des mouvements contemporains, très osé même dans ses initiatives sociales, il n’a pas dégénéré en empruntant les fards de l’américanisme. Il est, dit-on, épris de liberté,