Aller au contenu

Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LE FRONT CONTRE LA VITRE

mais d’une liberté qu’il maintient dans les limites de son esprit ; il respecte, même assoiffé de réformes, les liens de son innéité. Ainsi, sous les brumes du nord, le Danemark s’épanouit dans l’intimité du souvenir. Aussi vient-on le voir avec la « cordialité » qui conduisit naguère Georges Duhamel vers les médaillons hollandais où les mêmes traits se marquent différemment, tant il est vrai qu’il est mille façons d’être fidèle. Il ne risque pas d’étonner, de déplaire, ni de troubler la sympathie de ceux que convie sa réputation ; il n’éprouve pas la gêne obscure de n’être pas à la hauteur de la promesse qu’il s’est faite.

« Pourquoi je veux aller au Danemark » se demande Lucien Maury. « Pour voir — ou revoir — un pays singulier, une terre, un peuple à la physionomie originale, l’une des plus attachantes qui soit en notre Europe du XXe siècle. Paysage danois ! Il en est peu d’aussi heureusement civilisés, j’entends où l’homme, ses travaux, son activité gâtent moins le charme d’une nature très particulièrement caractérisée et s’associent plus simplement aux beautés du sol, des êtres et du climat. Devant tant de finesse, tant de mesure, cette grâce, ce naturel intelligents, un Français a la révélation d’une Île-de-France septentrionale ; transposés sous un ciel plus humide, à peine plus froid, rénovés et comme rajeunis par les nuances d’une palette aux verts inépuisables, et des transparences d’atmosphère que nous ne connaissons pas, voici les traits que nous, savons entre tous lire au visage de la terre, et qu’entre tous nous aimons ». Et quelles ressources dans ce culte des traditions, quel rayonnement ! On ac-