Page:Moréas - Esquisses et Souvenirs, 1908.djvu/100

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Et le dieu Pan laissa tomber sa troisième syrinx sur un tapis de feuilles mortes, et sourit.

Puis il dépendit du flexible rameau la quatrième syrinx et souffla dedans avec violence ; l’hiver désola la terre aussitôt : La vaste forêt sans feuilles craque sous le vent, la brume efface l’horizon, la glace arrête les surgeons des fontaines et les fleuves impétueux, enflés sous la tempête, ravagent leurs rives. La faim et la maladie s’abattent sur les êtres vivants ; l’homme voit sa huche vide et son âtre éteint. Mais tout en se plaignant, il s’enorgueillit de subir la misère et la mort, qu’il juge des choses d’importance.

D’un geste sec, Pan lança au loin cette dernière syrinx en éclatant de rire…

Selon Tacite, les Germains ignoraient l’Automne ; et il est possible que les peuples du Septentrion ne connaissent jamais les fines nuances de cette saison…

O Novembre ! Es-tu ce jeune homme qui, couronné de rameaux d’olivier, s’appuie sur le signe du Sagittaire et songe ? ou bien, comme le veut Ausone, te montres-tu sous l’aspect d’un prêtre d’Isis, la tête rasée et vêtu de lin ?