Page:Moréas - Esquisses et Souvenirs, 1908.djvu/87

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plaisait fort à Becque, je le veux bien. Mais l’esprit y balançait souvent le cœur.

Connaissez-vous : Souvenirs d’un auteur dramatique ? C’est un recueil d’artistes où coulent librement la gaminerie satirique, la gaîté, un peu forcée, la bonhomie, très réelle, le sentimentalisme, assez romance — ma foi ! — de Becque.

On rencontre avec plaisir, dans certaines pages de ce livre, la verve, l’entrain, le franc-parler, le coup de boutoir de l’auteur de la Parisienne, et l’on regrette que les Polichinelles soient demeurés en état d’ébauche. Becque y passe au fil de sa langue tous ses ennemis. Et ce n’est point là quelque fade raillerie, et la mauvaise humeur y prend de la grâce. Toutefois, nous n’en sommes pas intéressés constamment. Le temps a touché ces choses et ces figures ; elles s’effacent déjà. A part Sarcey ou Claretie, qui se souvient à présent des autres victimes de Becque ? O Raymond Deslandes, ô Charles de La Rounat, ô Henri Lavoix, ombres vaines !

Je me répéterai presque, en disant que le vrai Becque était bien supérieur à sa façon de considérer les incidents de la vie. Avec un peu plus de généralisation, l’importance de tous ces petits faits aurait